389 – L’expédition du navire Les Armes de France pour Québec et les Antilles en 1684

La flotte de 1684 à destination de Québec est composée d’au moins seize navires connus : onze de La Rochelle (La Sainte-Agnès, La Ville de Lisbonne, Le Courageux, Le Saint-François-Xavier, Le Saint-Louis, Le Saint-Mathieu, Le Samuel, Les Armes de France, Les Deux Sœurs, L’Hirondelle et L’Honoré), deux de Bordeaux (Le Saint-Joseph et Le Saint-Pierre), un de Rochefort (Le Saint-Antoine) et deux de lieux de départ inconnus (L’Émérillon et L’Entreprenant). expédition_blogue

Le navire Les Armes de France (170 tx) est la propriété du marchand rochelais Jacques De La Ronde. Selon l’état des navires de La Rochelle en 1684[1], ce navire est de fabrication française et est âgé de 21 ans.

Les préparatifs

Dans l’avant-midi du mercredi 7 juin 1684[2], un contrat de charte-partie[3] intervient entre Jacques De La Ronde et Jean Massiot le jeune, intéressé et directeur de la Compagnie royale d’Afrique, pour la location et l’affrètement du navire « au retour du Canada » afin d’aller charger aux Îles de l’Amérique, pendant deux mois et demi, tous les sucres jugés nécessaires dont les connaissements[4] seront fournis par le capitaine pour en faire la décharge à Dunkerque (Flandre).

Le propriétaire déclare que son navire est étanche, muni, garni et équipé de tous ses apparaux, propre et en état de naviguer. Il est précisé que si le navire séjourne plus de deux mois et demi, la somme de 30lt sera payée au marchand de La Ronde par jour de retardement.

L’affrètement du navire Les Armes de France est fait pour la somme de 8 deniers par livre (poids de marc) de sucre et celle de 60lt pour le chapeau (gratification) du capitaine. Il est convenu que « en cas qu’il se trouve des futailles vides en Canada », le fréteur Massiot en pourra charger sans payer de fret.

Extrait. Contrat de charte-partie pour l’expédition du navire Les Armes de France à Québec et aux Antilles. 7 juin 1684.
(Source : AD17 en ligne. Notaire Pierre Soullard. 3E1808, fol.11v-112r)

Un mois plus tard, le 7 juillet[5], c’est l’examen des remèdes, ferrements, linges et ustensiles du coffre du chirurgien qui se trouvent bons et valables pour « servir au corps humain ».

Le lendemain[6], on procède au dénombrement des 26 membres de l’équipage du navire. Ce « rôle d’équipage » est retranscris in extenso dans le registre B235[7] de l’Amirauté de La Rochelle.

Liste des membres de l’équipage du navire Les Armes de France. 8 juillet 1684.
(Source : AD17. Fonds Amirauté de La Rochelle. Documents du greffe. B5682, fol. 448)
État des marchandises chargées dans le navire Les Armes de France. 10 juillet 1684.
(Source : AD17. Fonds Amirauté de La Rochelle. Documents du greffe. B5682, fol. 447)
Liste des membres de l’équipage du navire Les Armes de France. 8 juillet 1684.
(Source : AD17 en ligne. Fonds Amirauté de La Rochelle. Rôles d’équipage et des maîtres, matelots, pêcheurs, mariniers. B235. 1684. Vues 23-24/51)

Le 10 juillet[8], le fréteur Massiot fait la liste des marchandises chargées dans le navire Les Armes de France.

  • 550 barils de farine
  • 10 balles (paquets) de fusils et pistolets
  • 30 balles (paquets) de marchandises
  • des vins pour 100 soldats

Six jours plus tard[9], Catherine Luco[10], épouse et procuratrice de Mario Moreau, promet payer à Jean Massiot la somme de 20lt pour son passage dans le navire.

L’équipage est composé de 26 hommes. Ils sont :

  • Élie Abrard, capitaine, de La Rochelle
  • Charles Chaviteau, pilote, de La Rochelle
  • La Sablonnière, chirurgien, d’Anjou
  • Pierre Rouleau, contremaître, de Fouilloux
  • Jacques Flandreau, charpentier, de La Rochelle
  • Charles Dabien, charpentier, de La Rochelle
  • Jean Beau, maître de chaloupe, de La Rochelle
  • François Lean, canonnier, de La Rochelle
  • Étienne Basile, tonnelier, de La Rochelle
  • Théodore Leroy, tonnelier, de Saumur
  • Jean Bargeau, matelot, de Marenne
  • Jean Berne, matelot, de Saint-Jean-d’Angle
  • François Bourgine, matelot, de La Rochelle
  • Gisa Bris, matelot, de Saint-Savinien
  • Jean Charrier, matelot, de La Rochelle
  • François Desnoué, matelot, de La Rochelle
  • Pierre Fouberteau, matelot, de La Rochelle
  • Pierre Frichet, matelot, de La Rochelle
  • Yvon Gazoulart, matelot, de Morlaix
  • Yvon Gougien, matelot, de l’Île de Batz
  • Jean Goulien, matelot, de La Rochelle
  • Pierre Jean, matelot, du port d’Envaux
  • Olivier Gabiou, garçon, de Marenne
  • Jean Garnier, garçon, de Marenne
  • Josias Manseau, garçon, de Marenne
  • Étienne Chaubert, de La Rochelle

Des passagers, nous connaissons :

  • Catherine Luco, épouse de Mario Moreau
  • 4 officiers
  • 100 soldats
  • 10 engagés

Sur les seize navires de 1684 à destination de Québec, onze partent de La Rochelle, deux de Bordeaux, un de Rochefort et deux d’endroits inconnus. Ils sont :

  • La Sainte-Agnès (240-300 tx), de La Rochelle (capitaine Jacques Vivien), frétée par Jean Gitton;
  • La Ville de Lisbonne (120 tx), de La Rochelle (capitaine Pierre Durand), frétée par François Viennay Pachot;
  • Le Courageux, de La Rochelle;
  • Le Saint-Antoine, de Rochefort, frété par la Compagnie du Nord;
  • Le Saint-François-Xavier (250-270 tx), de La Rochelle (capitaine Jean-François Bourdon), frété par Jean-François Bourdon;
  • Le Saint-Joseph (160 tx), de Bordeaux (capitaine Pierre Rivière), frété par Jean Minvielle et Batailley;
  • Le Saint-Louis (150 tx), de La Rochelle (capitaine Michel Candé), frété par la Compagnie de l’Acadie;
  • Le Saint-Mathieu (50 tx), de La Rochelle (capitaine Mathieu Augizeau), frété par Jean Grignon;
  • Le Saint-Pierre (65 tx), de Bordeaux (capitaine Pierre Breton), frété par Pierre Cournut;
  • Le Samuel (200-250 tx), de La Rochelle (capitaine Jean Duret), frété par Jean Massiot le jeune pour la Compagnie royale d’Afrique;
  • L’Émérillon, de France (capitaine La Cocheterie), frété par le Roi;
  • L’Entreprenant (250 tx), de France, frété par le Roi;
  • Les Armes de France (170 tx), de La Rochelle (capitaine Élie Abrard), frété par Jean Massiot le jeune pour la Compagnie royale d’Afrique;
  • Les Deux Sœurs (180), de Bordeaux (capitaine Jacques Chauveau), frété par Jean Massiot le jeune pour la Compagnie royale d’Afrique ;
  • L’Hirondelle (70 tx), de La Rochelle ;
  • L’Honoré (200 tx), de La Rochelle (capitaine Jacques Heurtin), frété par Jean Grignon.

Caractéristiques des navires composant la flotte de 1684 à destination de Québec.
(Source : Collection Guy Perron)

Le départ

Armé de seize canons, le navire Les Armes de France (170 tx) quitte La Rochelle à la mi-juillet pour aller à Québec.

Un compte de 1984[11] de la nourriture des officiers, soldats, engagés et fret des ustensiles envoyés au Canada dans ce navire a été conservé.

État de la nourriture des officiers, soldats, engagés et fret des ustensiles

envoyés au Canada par le navire Les Armes de France. 1684

4 officiers – 11 jours à bord – 25 sols / jour

55 livres

100 soldats – 22 jours à bord – 8 sols / jour

880 livres

10 engagés – 14 jours à bord – 8 sols / jour

56 livres

Passage de 10 engagés – 45 livres

450 livres

Habits et souliers des engagés

170 livres 16 sols

Sous total

 

Fret des denrées, armes et ustensiles

765 livres

Total

2 376 livres 16 sols

Source : BAnQ en ligne. Collection Charles Chadenat collection of manuscripts on French Canada (Ms Can 1). ZE25,P42.

Compte de la nourriture des officiers, soldats, engagés et fret des ustensiles envoyés au Canada dans le navire Les Armes de France. 1684.
(Source : BAnQ en ligne. Collection Charles Chadenat collection of manuscripts on French Canada (Ms Can 1). ZE25,P42)

Malheureusement, aucun document n’a été retracé dans le fonds Amirauté de La Rochelle faisant été des événements survenus pendant le voyage de la frégate Les Armes de France (170 tx) à Québec en 1684.


Pour citer cet article

Guy Perron©2024, « L’expédition du navire Les Armes de France pour Québec et les Antilles en 1684 », Le blogue de Guy Perron, publié le 14 avril 2024.


[1] AD17 en ligne. Fonds Amirauté de La Rochelle. Rôles d’équipage et des maîtres, matelots, pêcheurs, mariniers. B235. 1684. Vue 39/51.

[2] AD17 en ligne. Notaire Pierre Soullard. 3E1808, fol. 111v-112r. 7 juin 1684.

[3] Une charte-partie est un acte constituant un contrat conclu de gré à gré entre un fréteur et un affréteur, dans lequel le fréteur met à disposition de l’affréteur un navire. Le nom vient de ce que le document était établi en deux exemplaires que l’on découpait par le milieu pour en remettre deux moitiés à chaque partie. Mémoire d’un port. La Rochelle et l’Atlantique XVIe-XIXe siècle. Musée du Nouveau Monde, La Rochelle, 1985, p. 25.

[4] Déclaration contenant un état des marchandises chargées sur un navire, le nom de ceux à qui elles appartiennent, l’indication des lieux où on les porte, et le prix du fret. Tous les connaissements sont signés par le capitaine et par l’armateur.

[5] AD17. Fonds Amirauté de La Rochelle. Documents du greffe. B5682, fol. 446 (anciennement pièce 397). 7 juillet 1684.

[6] AD17. Fonds Amirauté de La Rochelle. Documents du greffe. B5682, fol. 448 (anciennement pièce 399). 8 juillet 1684.

[7] AD17 en ligne. Fonds Amirauté de La Rochelle. Rôles d’équipage et des maîtres, matelots, pêcheurs, mariniers. B235. 1684. Vues 23-24/51. 8 juillet 1684.

[8] AD17. Fonds Amirauté de La Rochelle. Documents du greffe. B5682, fol. 447 (anciennement pièce 398). 10 juillet 1684.

[9] AD17 en ligne. Notaire Pierre Soullard. 3E1808, fol. 157v.

[10] Elle est marraine de Moïse Pierre Amand, fils de Pierre Amand dit Jolicoeur, et de Catherine Grenier, baptisé le 28 août 1699 à Montréal.

[11] BAnQ en ligne. Collection Charles Chadenat collection of manuscripts on French Canada (Ms Can 1). ZE25,P42. 1684.

5 réflexions sur “389 – L’expédition du navire Les Armes de France pour Québec et les Antilles en 1684

    1. Bonjour,
      J’ai ajouté un lien vers l’article sur les 10 engagés de Lemaire en 1671.
      Catherine Luco est décédée en 1707 à Montréal (60 ans). Dans Parchemin, il y a une vingtaine d’acte notariés concernant la famille Moreau-Luco.

  1. Karen Fontaine

    As I read these records it occurred to me that the Ocean was a virtual highway of hundreds if not thousands of ships going to and from Europe at that time in History! It is no wonder that accidents happened on the way, and thus never to be heard of again until the shipwrecks are discovered in our time.

    Thank you for bringing light to this time period.

    Karen

  2. Celine Rivest

    Bonjour, Croyez vous qu’après le siège de 1628 à LaRochelle, certaines familles auraient changer de nom ?? À son arrivée, mon ancêtre donne comme nom de sa mère Dioré, un nom protestant, mais partout, à son mariage, à la naissance de ses enfants et même à son adjuration en 1660 elle porte le nom de Querret. Les parents de mon ancêtre (jacques Rivé et Marie Guerret) se sont mariés à l’Église Catholique et les enfants ont été baptisés. Je suis familière avec les registres de LaRochelle et je n’ai rien trouvé sous le nom de Dioré. Merci !

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