Le navire Le Saumon Doré (260 tx) est la propriété du marchand rochelais Pierre Gaigneur qui avait acheté ce bâtiment, le 5 février 1671[1], de Guillaume Lée, pour la somme de 11 500lt. Le marchand Lée était fondé de pouvoir des sieurs Anderson et de Jean Caldwell, Robert Rae, Thomas Croufforck, Daniel MacGillivray et autres, marchands de Glasgow (Écosse). 
Les préparatifs
Dans l’après-midi du jeudi 26 mars 1671[2], un contrat de charte-partie[3] intervient entre Pierre Gaigneur et François Baudy, de La Tremblade, maître institué, pour conduire le navire Le Saumon Doré à Terre-Neuve et y faire la pêcherie et sècherie du poisson sec avec un chargement de sel et autres choses nécessaires.
Le propriétaire déclare que son navire est muni et équipé de toutes ses voiles, câbles, ancres, cordages, agrès et apparaux servant à sa navigation avec suffisamment de pain, vin, lard et autres victuailles pour la nourriture des membres de l’équipage. Le provenu de la pêche et des huiles sera partagé entre Gaigneur (¾) et Baudy et son équipage (¼).
(Source : AD17. Notaire Pierre Teuleron. 3E1309, fol. 42r)
Le 7 avril[4], Gaigneur se présente devant le juge de l’amirauté pour faire enregistrer le contrat de vente du 5 février 1671 au greffe de la Cour de céans « afin qu’aucune personne ne puisse ignorer que ledit navire Le Saumon Doré lui appartient ».
Ressentant la nécessité d’obtenir un acte authentifiant le tonnage réel de son navire, Gaigneur revient devant l’amirauté, la semaine suivante[5], et demande qu’il soit visité par des personnes compétentes. Ainsi, les charpentiers rochelais Samuel Forat et Zacharie Flandreau jaugent le navire « de la grandeur » de 300 tonneaux et plus.
De l’équipage, au nombre de 49 hommes, nous connaissons :
- François Baudy, maître, de La Tremblade
- Jacques Lorti, charpentier, de La Tremblade
- Jean Baptiste, matelot, de Malte
- Guy Decourt, matelot, de Marennes
- Louis Michel, matelot, de Rigalas (?)
- Jacques Prévost, matelot, de Royan
- Pierre Ragneneau, matelot, de La Tremblade
Le départ
Armé de deux canons, le navire Le Saumon Doré (260 tx) quitte les rades de La Rochelle le mardi 31 mars « pour aller à Percé à la pêche du poisson sec ». Il arrive le 12 mai suivant.
Aussitôt, les membres de l’équipage s’exécutent à la pêche, mais ils perdent deux chaloupes à cause du mauvais temps. Au cours de l’expédition, le matelot saintongeais Louis Michel se noie malgré tous les efforts pour le sauver. Quelques jours après, le matelot royannais Jacques Prévost meurt de maladie à terre.
(Source : BNF, département Cartes et plans, GE SH 18 PF 125 DIV 1 P 9. https://gallica.bnf.fr/)
Le retour
Après quelques semaines de pêche, le navire quitte Percé le 24 septembre. Le matelot malte Jean Baptiste décède pendant la traversée.
Le navire mouille l’ancre à Chef-de-Baie, près de La Rochelle le 1er novembre suivant. Le lendemain, on constate que le câble qui tenait l’ancre est endommagé.
Le lundi 9 novembre[6], le capitaine François Baudy, le charpentier Jacques Lorti et les matelots Guy Decourt et Pierre Ragneneau se présentent devant l’Amirauté de La Rochelle pour faire état des événements survenus pendant le voyage de pêche du navire Le Saumon Doré à Percé.
(Source : AD17 en ligne. Fonds Amirauté de La Rochelle. Documents du greffe. B5670, fol. 373).
Pour citer cet article
Guy Perron©2024, « L’expédition du navire Le Saumon Doré pour Percé en 1671 », Le blogue de Guy Perron, publié le 17 avril 2024.
[1] AD17 en ligne. Amirauté de La Rochelle. Documents du greffe. B5670, fol. 134-135 (anciennement pièce 104). 5 février 1671.
[2] AD17. Notaire Pierre Teuleron. 3E1309, fol. 42r. 26 mars 1671.
[3] Une charte-partie est un acte constituant un contrat conclu de gré à gré entre un fréteur et un affréteur, dans lequel le fréteur met à disposition de l’affréteur un navire. Le nom vient de ce que le document était établi en deux exemplaires que l’on découpait par le milieu pour en remettre deux moitiés à chaque partie. Mémoire d’un port. La Rochelle et l’Atlantique XVIe-XIXe siècle. Musée du Nouveau Monde, La Rochelle, 1985, p. 25.
[4] AD17 en ligne. Fonds Amirauté de La Rochelle. Documents du greffe. B5670, fol. 134 (anciennement pièce 103). 7 avril 1671.
[5] AD17. Fonds Amirauté de La Rochelle. Documents du greffe. B5670, fol. 158 (anciennement pièce 116). 14 avril 1671.
[6] AD17. Fonds Amirauté de La Rochelle. Documents du greffe. B5670, fol. 373 (anciennement pièce 294). 9 novembre 1671.
Le blogue de Guy Perron 
Bonjour M. Guy, êtes vous en contact avec des professeurs historiens d’université ?