354 – L’expédition du navire Le Lion d’Or pour Percé et Saint-Christophe en 1674

La flotte de 1674 à destination de Percé et Québec est composée de cinq navires, dont quatre de La Rochelle (La Fortune Blanche, Le Mouton Blanc, L’Espérance et Le Lion d’Or) et un de Bordeaux (La Nativité). expédition_blogue

Le navire Le Lion d’Or (80 tx) est la propriété des marchands rochelais Jacques Thomas, Louis Guilhen et leurs consorts.

Les préparatifs

Le mercredi 8 novembre 1673[1], Jacques Thomas et Louis Guilhen louent à Charles Aubert de La Chesnaye leur navire Le Lion d’Or et promettent le rendre prêt, étanche et en bon état pour la fin du mois d’avril 1674 et ce, dans les mêmes conditions établies par la charte-partie du 6 juillet auparavant.

Signatures de Louis Guilhen, Charles Aubert et Jacques Thomas (1673)

À l’été 1673, le mauvais temps ayant démâté le navire près du banc de Terre-Neuve, le capitaine Élie Chaboisseau a été forcé d’interrompre son voyage pour Québec. Il a fait demi-tour et rentra à La Rochelle provoquant « l’inexécution du voyage ».

Connaissant bien les prix, charges, clauses et conditions pour lesquels le navire a été loué en juillet 1673, les parties réitèrent leur engagement pour l’expédition de 1674.

Ce contrat de charte-partie[2] stipule qu’Aubert de La Chesnaye fera charger des marchandises qu’il désirera jusqu’à l’encombrement du navire dont les connaissements[3] seront fournis et signés par le capitaine. La somme de 1 500lt avancée en juillet 1673 par Aubert sera déduite de celle de 3 000lt demandées pour tout le voyage. Les autres 1 500lt seront payées à l’arrivée du navire à l’Île Percée (et non plus Québec).

Le capitaine sera tenu de faire embarquer 10 à 12 tonneaux de marchandises dans son navire au cas que les correspondants d’Aubert veuillent les charger à l’Île Percée, sans retardement et sans fret, pour les mener aux Îles de l’Amérique (Antilles).

De plus, Aubert de La Chesnaye s’oblige de payer au capitaine la somme de 50lt pour son chapeau et pot de vin (gratification) ainsi que « trois barriques de portage » sans payer de fret.

Extrait. Contrat de charte-partie pour l’expédition du navire Le Lion d’Or à Québec. 6 juillet 1673. Reconduit en 1674 pour l’Île Percée.
(Source : AD17. Notaire Pierre Teuleron. 3E1311, fol. 92)

Le départ

Le navire Le Lion d’Or quitte La Rochelle le lundi 11 juin et arrive à l’Île Percée le 18 juillet suivant.

De l’équipage, nous connaissons :

  • Nicolas Nouel, capitaine, de Le Conquet
  • Antoine Darmagora, contremaître, de Bayonne
  • Germain Cottonneau, tonnelier
  • Pierre Loula, matelot, de Ciré d’Aunis
  • Jacques Périneau, matelot
  • Joannis Stiriard, matelot, de Liboure
  • le nommé Chellé, garçon, de Dieppe

La flotte de 1674 pour Percé et Québec est composée d’au moins cinq navires. Ce sont :

  • La Nativité (100-130 tx), de Bordeaux (capitaine Jean Bourdon Dombourg);
  • La Fortune Blanche (100 tx), de La Rochelle (capitaine Michel Detcheverry) ;
  • Le Mouton Blanc (300 tx), de La Rochelle (capitaine André Chaviteau), frété par Charles Aubert de La Chesnaye;
  • L’Espérance (200 tx), de La Rochelle (capitaine Jean Gitton);
  • Le Lion d’Or (80 tx), de La Rochelle (capitaine Nicolas Nouel), frété par Charles Aubert de La Chesnaye.
Caractéristiques des navires composant la flotte de 1674 à destination de Percé et Québec.
(Source : Collection Guy Perron)

Pendant le déchargement des marchandises à l’Île Percée, le contremaître Darmagora et les matelots Périneau et Stiriard ainsi que le garçon Chellé prennent la chaloupe du navire pour aller pêcher. Ils se perdent et on est sans nouvelles d’eux.

Itinéraire du navire Le Lion d’Or. 1674-1675. Carte de l’océan Atlantique. 1675.
Légende : Île Percée (A), Saint-Christophe (B), Nantes (C), La Rochelle (D).
(Source : BNF, département Cartes et plans, CPL GE DD-2987 (9639 B). https://gallica.bnf.fr/)

Le retour

Plus tard, plusieurs marchandises sont chargées dans le navire pour les porter à Saint-Christophe. Parti de l’Île Percée le 14 septembre, le navire arrive à destination un mois plus tard, le 14 octobre.

Après y avoir déchargé les marchandises, d’autres y sont chargées pour le compte de la Compagnie d’Occident et d’autres marchands de La Rochelle : 200 pièces de sucre cassonade, 14 balles de coton, 10 pièces d’indigo et 32 milliers de gingembre.

Le navire quitte Saint-Christophe le 4 décembre pour s’en retourner à La Rochelle, mais un grand vent « à tourmente » d’est sud-est survient lorsqu’il est au travers de l’Île d’Yeu l’obligeant d’y séjourner trois jours. Malgré le mauvais temps, le capitaine Nouel fait lever l’ancre qui se brise.

Constatant ne pouvoir continuer sa route vers La Rochelle à cause d’un vent contraire, le capitaine se voit obligé d’aller à Nantes où il arrive le 14 janvier 1675. Quelques jours plus tard, par les « voies de la justice », les correspondants de la Compagnie d’Occident exigent la décharge d’une partie des marchandises. Cela fait, le navire quitte Nantes le 3 mars et arrive à La Rochelle deux jours plus tard.

Le mercredi 13 mars[4], le capitaine Nicolas Nouel, le tonnelier Cottonneau et le matelot Loula se présentent devant l’Amirauté de La Rochelle pour faire état des événements survenus pendant le voyage du navire Le Lion d’Or à l’Île Percée et à Saint-Christophe.

Extrait. Rapport de Nicolas Nouel, capitaine, et autres concernant le voyage du navire Le Lion d’Or à l’Île Percée et à Saint-Christophe. 13 mars 1675.
(Source : AD17. Fonds Amirauté de La Rochelle. Documents du greffe. B5674, fol. 62)

Pour citer cet article

Guy Perron©2023, « L’expédition de la flûte Le Lion d’Or pour Percé et Saint-Christophe en 1674 », Le blogue de Guy Perron, publié le 12 mars 2023.


[1] AD17. Notaire Pierre Teuleron. 3E1311, fol. 150v, 151r. 8 novembre 1673.

[2] Une charte-partie est un acte constituant un contrat conclu de gré à gré entre un fréteur et un affréteur, dans lequel le fréteur met à disposition de l’affréteur un navire. Le nom vient de ce que le document était établi en deux exemplaires que l’on découpait par le milieu pour en remettre deux moitiés à chaque partie. Mémoire d’un port. La Rochelle et l’Atlantique XVIe-XIXe siècle. Musée du Nouveau Monde, La Rochelle, 1985, p. 25.

[3] Déclaration contenant un état des marchandises chargées sur un navire, le nom de ceux à qui elles appartiennent, l’indication des lieux où on les porte, et le prix du fret. Tous les connaissements sont signés par le capitaine et par l’armateur.

[4] AD17. Fonds Amirauté de La Rochelle. Documents du greffe. B5674, fol. 62 (anciennement pièce 39). 13 mars 1675.

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