Commis général de la Compagnie de la Nouvelle-France, Olivier Letardif est passager à bord du navire Le Cardinal, vaisseau amiral de la Communauté des Habitants de la Nouvelle-France. Il y met quantité de vivres et d’étoffes pour faire des vêtements tant pour lui que pour plusieurs habitants de la colonie.
Il fait aussi embarquer, pour son compte, sept hommes de travail auxquels il a remis des avances tant pour les nourrir pendant deux mois dans des logis à La Rochelle que pour leur acheter diverses commodités pour le voyage. Sept autres hommes s’ajoutent pour le compte de Guillaume Couillard, Mathieu Huboust et François Marguerie, habitants de la Nouvelle-France.
Vers les deux ou trois heures du matin, le jeudi 19 juillet 1646, amiral de la flotte, Pierre Legardeur de Repentigny convoque Letardif dans sa chambre à bord du navire Le Cardinal, en présence de son frère Charles Legardeur de Tilly (commandant le navire La Notre-Dame) et Jean-Paul Godefroy (commandant le navire Neuf ou Saint-Sauveur).
De Repentigny lui apprend qu’il ne peut pas faire le voyage avec eux, qu’il doit descendre à terre et lui rendre les paquets adressés au gouverneur Montmagny qu’il a en sa possession. Letardif lui répondit qu’il a ordre et commission de Messieurs de la Compagnie d’aller en Nouvelle-France en qualité de leur commis pour avoir soin de leurs effets et avoir l’œil à tout ce qui les regarde et concerne. D’autant que de Repentigny est obligé de le recevoir en son bord, de le nourrir et entretenir pendant le voyage suivant le traité passé entre la Compagnie et la Communauté des Habitants.
De Repentigny lui rétorque qu’il va le rembourser de tout ce qu’il a déboursé avec dommages et intérêts. À cet instant, il lui tend une bourse remplie d’écus d’or. Devant le refus de Letardif, de Repentigny « aurait répliqué qu’il avait ordre de la Reine et des habitants de ne lui donner point passage », selon le marchand rochelais Jacques Pepin, présent.
Il prend les paquets destinés à Montmagny et les met entre les mains du père Quentin, jésuite, aussi passager. Puis, il fait mettre dans sa chaloupe les effets de Letardif (deux coffres, un matelas, une paire de pistolets, une couverte de lit, etc.) et l’oblige d’y embarquer avec Jacques Pepin. Commandée par Godefroy et deux soldats, la chaloupe est conduite jusqu’à la digue de La Rochelle par Jean Langlois, contremaître du navire Le Cardinal, et six marins de son équipage.

(Source : AD17. Fonds Amirauté de La Rochelle. Documents du greffe. B5657, fol. 157-158 (anciennement pièce 1)
Plus tard dans la journée[1], à la requête d’Olivier Letardif, Jacques Pepin (49 ans) est assigné comme témoin devant le juge de l’Amirauté de La Rochelle pour entendre sa version des faits sur les incidents survenus avec Pierre Legardeur de Repentigny.
L’affaire de Repentigny-Letardif va se poursuivre à Paris…
Ce récit est méconnu des historiens de la Nouvelle-France. Selon Gervais Carpin[2], il n’exprime pas seulement une tension entre la Communauté des Habitants (Legardeur) et la Compagnie de la Nouvelle-France (Letardif), mais fait aussi valoir l’intervention du pouvoir politique (la Reine). Il témoigne également, ajoute-t ’il, du recrutement direct d’engagés de France par des habitants de la colonie.
En effet, sept hommes de travail sont recrutés pour le compte de Letardif et sept autres pour celui de plusieurs habitants de la Nouvelle-France.
Des hommes recrutés en 1646, nous connaissons :
Au service d’Olivier Letardif :
François Boivin, charpentier |
Jean Guitre sieur de la Vallée |
Olivier Chotart, matelot |
Philippe Paquet |
Au service de Guillaume Couillard :
Jacques Perroche |
Au service de Jean Juchereau de Maure :
François Mabille, matelot (60 mois) |
Au service de Pierre Legardeur de Repentigny:
Jean Dousset, maçon et tailleur de pierre (36 mois) |
Gilles Trottier (bail à ferme) |
Au service des Jésuites[3] :
Joseph Boursier dit Desforges |
François Groüaut, apothicaire |
Pierre Deschamps, laboureur |
Jean Guyet, menuisier |
Charles Drouillart |
Laubinière de Courtenay, bénédictin apostat |
Gilles Énard |
Pierre Tourmente, maçon |
Simon Gabory, laboureur |

(Source : Abbés Laverdière et Casgrain, Journal des Jésuites, Québec, Léger Brousseau imprimeur-éditeur, 1871, p. 66)
Au service des Ursulines :
Jacques Figeux, matelot |
Parmi ces hommes recrutés pour aller travailler à Québec, il n’y a qu’un engagé (36 mois). Le 1er mai 1646, Jean Dousset se présente dans l’étude du notaire rochelais Pierre Teuleron, rue Chef-de-Ville, pour convenir de ses conditions d’engagement avec Pierre Legardeur de Repentigny, directeur général des embarquements pour la Nouvelle-France. Il décline ses prénom et nom, son lieu d’origine et sa profession. Le notaire écrit le salaire annuel (100 livres) et une avance lui est accordée (60 livres). Il signe.
Cet engagé promet d’aller servir la Communauté des habitants, à Québec, tant de son métier qu’à toutes autres choses qui lui seront commandées durant trois ans. Le passage, pour l’aller et retour, et la nourriture sont défrayés par l’engagiste.
Pour s’assurer de l’embarquement de cet engagé, l’engagiste exige la présence d’un pleige caution, faute de quoi il devra remettre le montant avancé. Cette personne est Françoise Mege, son épouse, nous informant davantage sur sa généalogie.
Voici le contrat d’engagement entre Pierre Legardeur de Repentigny (l’engagiste) et Jean Dousset (l’engagé) en 1646.
Conventions Legardeur et Dousset (graphie contemporaine) |
Personnellement établis Pierre Legardeur, écuyer, seigneur de Repentigny, directeur général des embarquements de la Nouvelle-France, et faisant pour Messieurs les Habitants dudit pays d’une part; et Jean Dousset, maçon tailleur de pierre, demeurant au bourg d’Ars en l’île de Ré d’autre part. Entre lesquelles parties ont été faites les conventions suivantes. C’est à savoir que ledit Dousset a promis, s’oblige et sera tenu de s’embarquer à la première réquisition qui lui en sera faite par ledit sieur de Repentigny pour aller à Québec, pays de la Nouvelle-France, servir Messieurs les Habitants dudit lieu tant de son dit métier qu’autres choses qu’ils lui commanderont pendant l’espace de trois ans consécutifs qui commenceront au jour qu’il arrivera audit pays et finiront à pareil jour icelles révolues. Pour et moyennant la somme de cent livres tournois pour chacune desdites années que ledit sieur de Repentigny, audit nom, et encore en son nom privé s’oblige de lui payer à la fin de chacune année soit à lui ou à ceux qui auront sa procuration. Sur la première desquelles sera déduite la somme de soixante livres que ledit sieur de Repentigny lui a présentement avancé en bonne monnaie ayant cours suivant l’ordonnance dont il s’est contenté et l’en tient quitte. Et pour plus grande sûreté audit sieur de Repentigny, Françoise Mege, femme dudit Dousset et de lui suffisamment autorisée, a promis et s’oblige en son propre et privé nom et solidairement avec son dit mari sous les renonciations aux bénéfices de division, d’ordre de droit, éviction et de discussion de biens de rembourser audit sieur de Repentigny lesdites soixante livres en cas que ledit Dousset ne voulut s’embarquer ou qu’il n’aurait rendu des services jusqu’à la concurrence de ladite somme. Et le défrayer des frais du passage tant allant que retournant et le nourrir audit pays. Le tout de ce que dessus entre lesdites parties à peine de tous dépens, dommages et intérêts. Et pour se faire et accomplir par elles sans y contrevenir, elles ont obligé l’une à l’autre tous leurs biens présents et futurs. Et outre ledit Dousset sa personne &. Et pour l’exécution des présentes ont élu leurs domiciles irrévocables en cette ville, savoir ledit sieur de Repentigny en la maison de la veuve feu Pierre Laburthe, et ledit Dousset en celle du notaire royal soussigné pour y recevoir tous actes &. Et sur ce, ont lesdites parties renoncé &. Jugé &. Condamné &. Fait à La Rochelle en l’étude dudit notaire, avant midi, le premier jour de mai mille six cent quarante-six. Présents le sieur Richard Lethuillier, capitaine de navire, et Pierre Teuleron, clerc, demeurant, savoir ledit Lethuillier en l’Île de Ré et ledit Teuleron en cette ville. A ladite Mege déclaré ne savoir signer. Signatures. |

(Source : AD17. Notaire Pierre Teuleron. 3E1294, 216v)
Le navire Neuf (ou Saint-Sauveur), commandé par Jean-Paul Godefroy, quitte La Rochelle et arrive le soir du 8 août 1646. Plus tard, le navire Le Cardinal, commandé par Pierre Legardeur de Repentigny, quitte vers le 20 juillet, et arrive à Québec le 23 septembre suivant. Le navire d’Olivier Letardif, Le Petit Saint-Christophe, quitte le port rochelais début septembre et arrive à Québec, le 17 octobre, après 44 jours de traversée.
Le 30 octobre[4], Pierre Legardeur de Repentigny déclare que ses deniers ont été employés « confusément » avec ceux de la Communauté des Habitants, n’ayant pu rendre son compte à cause d’une indisposition. Comme il ne peut savoir le montant que lui doit la Communauté, après entente avec Noël Juchereau des Châtelets et Robert Giffard, son intention est de le risquer à la grosse aventure, à 25% d’intérêts, sur les navires Le Cardinal (3/5), La Notre-Dame (1/5) et Le Neuf (1/5). L’année suivante, on l’obligea à présenter sa comptabilité au conseil de gestion qui s’aperçut qu’il manquait de méthodes comptables et ne lésinait pas sur les dépenses.
Que sont-ils devenus ?
BOIVIN dit Bontemps, François (c1612-c1675) |
Fils de Guillaume Boivin et de Guillemette Levert, François Boivin est originaire de la paroisse Saint-Laurent, dans le diocèse de Rouen (Normandie). Il est recruté pour aller travailler au service d’Olivier Letardif à titre de maître charpentier. Avant son départ, pendant quelques semaines, il loge à l’hôtel de La Tête Noire, paroisse Saint-Nicolas, avec d’autres recrutés de Letardif. Il quitte La Rochelle à bord du navire Neuf (ou Saint-Sauveur) et arrive à Québec le soir du 8 août 1646. Le 21 mai 1647, il dépose sa défense contre Olivier Chotart qui l’accuse d’avoir volé son arquebuse avant leur départ de La Rochelle en 1646. Il est considéré comme le premier bâtisseur d’églises en Nouvelle-France. En 1648 et 1649, Boivin passe un marché avec la Communauté des Habitants pour bâtir une église et chapelle en annexe à Trois-Rivières; puis, on change d’idée, il fera un comble d’une église en forme de croix latine. En fin de compte, le projet de cette église est annulé. En 1655, c’est au tour des Ursulines de Québec de lui demander de leur construire une église. Il construit aussi d’autres bâtiments : un hangar pour faire de la brique pour la Compagnie de la Nouvelle-France et livraison de bois d’une maison pour le magasin de Trois-Rivières (1649), un bâtiment pour Pierre Nolin dit Lafougère (1658), la levée d’une redoute située sur la terre de Jean Madry à Notre-Dame-des-Anges (1661), une maison pour Jean Maheu à la basse-ville de Québec (1667). En 1649, les Jésuites lui concèdent une terre au Cap-de-la-Madeleine. Puis, en 1655, il acquiert une habitation de Pierre Nolin située à l’Île d’Orléans qu’il revend en 1657 à Jacques de Launay. En 1669, Louis Couillard de Lespinay lui concède une terre dans sa seigneurie de la Rivière-du-Sud. En 1667, âgé de 55 ans, il possède huit arpents de terre en valeur et deux bêtes à cornes à Sainte-Anne du Petit Cap (côte de Beaupré). Son neveu Pierre Boivin et Étiennette Fafard, son épouse, demeurent avec lui. Depuis longtemps qu’il est gardé malade à l’Hôtel-Dieu de Québec « d’une paralysie qui lui a entrepris la moitié du corps sans espérance de guérison », François Boivin est dans la salle des malades, le 27 janvier 1675, avec ses frères Charles et Guillaume à son chevet. Devant le notaire, il fait donation aux pauvres de l’hôpital de tout ce qui pourrait lui appartenir au jour de son trépas en reconnaissance des secours, assistances et bons services qui lui sont journellement rendus et qu’il aura besoin le reste de ses jours. Malheureusement, il ne peut pas signer à cause de son incommodité. La date de son décès est inconnue. |
BOURSIER dit Desforges, Joseph (1626-1689) |
Né le 16 mars 1626 à Paris (Île-de-France), Joseph Boursier dit Desforges est recruté pour aller travailler au service des Jésuites. Il quitte La Rochelle, vers le 20 juillet 1646, probablement à bord du navire Le Cardinal et arrive à Québec le 23 septembre suivant. Il est aussitôt envoyé en Huronie. Ce « donné » aux Jésuites retourne en France en septembre 1650. Il revient en 1655, à bord du navire Le Saint-Jean, de La Rochelle, comme frère jésuite. Il séjourne en Iroquoisie en 1656. En 1667, âgé de 40 ans, on le retrouve au collège des Jésuites. Il y est encore au recensement de 1681. Il serait décédé le 20 juin 1689 à Québec. |
Voir aussi : Fichier Origine |
CHOTART, Olivier ( – ) |
D’origine inconnue, laissant sa femme en France, Olivier Chotart est recruté pour aller travailler au service d’Olivier Letardif à titre de matelot. Avant son départ, pendant quelques semaines, il loge à l’hôtel de La Tête Noire, paroisse Saint-Nicolas, avec d’autres recrutés de Letardif. Il quitte La Rochelle, probablement à bord du navire Neuf (ou Saint-Sauveur) et arrive à Québec le soir du 8 août 1646. Le 20 mai 1647, il intente un procès contre le charpentier François Boivin pour lui avoir volé son arquebuse avant leur départ de La Rochelle en 1646. En 1649, Chotart fait partie du « camp volant » (40 hommes), instauré par la Communauté des Habitants pour faire échec aux incursions iroquoises. Semble repasser en France après cette date. |
DESCHAMPS, Pierre (c1627-1695) |
D’origine inconnue, Pierre Deschamps est recruté pour aller travailler au service des Jésuites à titre de laboureur. Il quitte La Rochelle, vers le 20 juillet 1646, probablement à bord du navire Le Cardinal et arrive à Québec le 23 septembre suivant. Il est à Trois-Rivières en 1650. En 1667, âgé de 40 ans, on le retrouve au Petit Cap de la Madeleine comme domestique de Marie Boucher, veuve d’Étienne de Lafond. En 1672, il est amputé d’une jambe alors qu’il est domestique des Jésuites. Il est inhumé le 2 octobre 1695 à Batiscan à l’âge d’environ 80 ans. |
DOUSSET, Jean ( – ) |
Originaire d’Ars-en-Ré (Aunis), Jean Dousset s’y est marié, le 28 mai 1628, avec Françoise Mege. Il s’engage envers Pierre Legardeur de Repentigny, le 1er mai 1646, pour aller travailler à Québec au service de la Communauté des Habitants durant trois ans, à titre de maçon et tailleur de pierre, à raison de 100 livres par année (avance de 60 livres). Signe. Le 26 juin, il reconnaît avoir reçu la somme de 40 livres de Legardeur. Il quitte La Rochelle, vers le 20 juillet, probablement à bord du navire Le Cardinal et arrive à Québec le 23 septembre. Le 28 novembre suivant, il conclut un marché avec Jean Bourdon, ingénieur et arpenteur, pour la construction d’une maison et le pierrotage d’une grange. Ce document nous informe que ce maître maçon est venu avec son fils de prénom inconnu puisque tous deux seront logés dans la maison de Bourdon pendant la durée des travaux prévus au printemps 1647. Comme Dousset n’a pu terminer les travaux à temps, un nouveau marché est intervenu entre eux, en novembre 1647, pour parachever cette maison. Semble repasser en France, avec son fils, après ses trois années d’engagement. |

(Source : AD17. Notaire Pierre Teuleron. 3E1294, 216v)
Voir aussi : AD17 en ligne. Non coté. Ars-en-Ré. Mariages. Sépultures. 1622-1638. Vue 20/114. |
DROUILLART, Charles ( – ) |
D’origine inconnue, Charles Drouillart est recruté pour aller travailler au service des Jésuites. Il quitte La Rochelle, vers le 20 juillet 1646, probablement à bord du navire Le Cardinal et arrive à Québec le 23 septembre suivant. |
ÉNARD, Gilles (c1636-1666) |
Fils de Pierre Énard et d’Hilaire Guirout, Gilles Énard est originaire de Saint-Nazaire d’Andilly-les-Marais, près de La Rochelle (Aunis). Il est recruté pour aller travailler au service des Jésuites. Il quitte La Rochelle, vers le 20 juillet 1646, probablement à bord du navire Le Cardinal et arrive à Québec le 23 septembre suivant. En 1652, les Jésuites lui concède la consistance de deux arpents de terre de front à la Sapinière. Il épouse, le 6 octobre 1665 à Québec, Marie Debure (Fille du roi de 1665), fille de Vincent Debure et de Suzanne Gaulin, de Rouen (Normandie). De cette union naît un enfant. En 1666, on retrouve le couple à Notre-Dame-des-Anges ou Charlesbourg. Il fait son testament devant le notaire Pierre Duquet le 12 septembre 1666. Il est décédé peu de temps après car son épouse convolera en secondes noces le 27 décembre suivant après une « dispense du temps » accordée par Monseigneur de Pétrée. |
FIGEUX, Jacques ( -1646) |
Originaire de Dieppe (Normandie), le matelot Jacques Figeux est recruté pour aller travailler au service des Ursulines. Il quitte La Rochelle à bord du navire Neuf (ou Saint-Sauveur) et arrive à Québec le soir du 8 août 1646. Ce « donné » aux Ursulines est dit frère Jacques. Alors qu’il montait à Trois-Rivières, le 6 novembre 1646, Figeux se noie avec huit autres hommes lors du naufrage de leur barque qui s’est fracassée vers le Cap à l’Arbre. |
GABORY, Simon ( – ) |
D’origine inconnue, Simon Gabory est recruté pour aller travailler au service des Jésuites à titre de laboureur. Il quitte La Rochelle, vers le 20 juillet 1646, probablement à bord du navire Le Cardinal et arrive à Québec le 23 septembre suivant. En mars 1648, il est blessé par la chute d’un arbre (et non par les Iroquois). Aucune trace de Gabory par la suite. |
GROÜAUT, François ( -1646) |
Originaire de Poitiers (Poitou), François Groüaut est recruté pour aller travailler au service des Jésuites à titre d’apothicaire. Il quitte La Rochelle, vers le 20 juillet 1646, probablement à bord du navire Le Cardinal et arrive à Québec le 23 septembre suivant. Alors qu’il montait à Trois-Rivières, le 6 novembre 1646, « Goüaut » se noie avec huit autres hommes lors du naufrage de leur barque qui s’est fracassée vers le Cap à l’Arbre. Il était destiné pour aller en Huronie avec les pères jésuites. |
GUIET (GUAY), Jean (1627-1691) |
Fils de Jean Guiet le jeune et de Marie Dumant, Jean Guiet est baptisé le 27 décembre 1627 à Notre-Dame-du-Mont de Berneuil (Saintonge). Il est recruté pour aller travailler au service des Jésuites à titre de menuisier. Il quitte La Rochelle, vers le 20 juillet 1646, probablement à bord du navire Le Cardinal et arrive à Québec le 23 septembre suivant. Il est « donné » des Jésuites pour la Huronie. Il épouse, le 10 novembre 1652 à la Pointe de Lévis (acte enregistré à Québec), Jeanne Mignon, fille François Mignon et de Marie Bélanger, de La Rochelle (Aunis). De cette union naissent 12 enfants. En 1654, « Guyet » prend à loyer, moitié avec Simon Guyon, une vache caille pour une période de trois ans. En juillet 1658, Jacques Levrier lui baille à rente une habitation située à la Pointe de Lévis. Les Jésuites lui concèdent une terre située à la Pointe de Lévis en 1666. C’est là que la famille est recensée en 1667 avec trois bêtes à cornes. Au recensement de 1681, on retrouve le couple dans la seigneurie de Lauzon avec 30 arpents de terre en valeur, neuf bêtes à cornes et un fusil. Il est inhumé le 13 janvier 1691 dans l’église de Saint-Joseph de la côte de Lauzon. |

(Source : AD17 en ligne. Non coté. Berneuil. BMS. 1614-1684. Vue 35/243)
Voir aussi : Fichier Origine |
GUITRE sieur de la Vallée, Jean ( – ) |
D’origine inconnue, Jean Guitre sieur de la Vallée accompagne Olivier Letardif. Il quitte La Rochelle, vers le 22 août 1646, probablement à bord du navire Le Petit Saint-Christophe et arrive à Québec le 17 octobre suivant, après 44 jours de traversée. Que de passage, il retourne en France le 31 octobre. |
LAUBINIÈRE de Courtenay, sieur de ( – ) |
D’origine inconnue, le sieur de Laubinière est recruté pour aller travailler au service des Jésuites. Il quitte La Rochelle, vers le 20 juillet 1646, probablement à bord du navire Le Cardinal et arrive à Québec le 23 septembre suivant. Converti à La Rochelle, il fait vœu d’aller en Huronie. Ce jeune gentilhomme de la maison de Courtenay s’est avéré être un escroc selon le Journal des Jésuites. « Il avait paru en Angleterre comme petit fils de la maison de Sancerre et neveu de M. Desnoyers qui faisait mine de se vouloir faire hérétique et feintant que les nouvelles de France venaient sur l’avis qu’on en avait donné, s’enfuit […]. Il fit mille pièces ici et enfin avoua ou mentit qu’il était religieux bénédictin prosé de plusieurs années; qu’il était sous-diacre et on déposa ici qu’il était passé à Alençon en un monastère de bénédictines où il avait confessé une religieuse mourante : il fit mine de vouloir demeurer, et faisait rage sur ce qu’on avait écrit de lui qu’il était bâtard; mais ceux qui l’avaient vu en Angleterre lui dirent à l’oreille qu’il se tût : il s’en alla donc. Il nous a affronté de plus de 200 livres qu’on avança pour lui. » |
Voir aussi : Abbés Laverdière et Casgrain, Journal des Jésuites, Québec, Léger Brousseau imprimeur-éditeur, 1871, p. 65-66. |
MABILLE, François (1619- ) |
Fils de Simon Mabille et de Gillette Tortue, François Mabille est baptisé le 12 septembre 1619 dans l’église Saint-Aubin de Tourouvre (Normandie). Il épouse en premières noces Jeanne Bignon le 25 février 1638 à Tourouvre. De cette union naissent au moins deux enfants. Laissant sa femme en France, il se serait engagé envers Pierre Juchereau, le 19 mars 1646, pour aller travailler au service de Jean Juchereau de Maure durant cinq ans, à titre de scieur de long, à raison de 90 livres par année. Il quitte La Rochelle dans des circonstances inconnues. Après ses cinq années d’engagement, Mabille retourne en France. Avant de partir, il avait cédé la somme de 46 livres à Jean Juchereau de Maure, montant que lui devait Jacques Goulet. Après le décès de son épouse, il se remarie, le 9 janvier 1667 à Feings (Normandie), avec Jeanne Bigot. Il exerça divers métiers : cloutier, marchand, scieur de long, travaillant, tréfillier. |

(Source : AD61 en ligne. 3NUMECRP491/AC491_2. Tourouvre. BM. 1615-1655. Vue 30/170)
Voir aussi : Perche-Québec |
PAQUET, Philippe (c1623- ) |
Natif de La Rochelle, Philippe Paquet (23 ans) est recruté pour aller travailler au service d’Olivier Letardif. Avant son départ, pendant quelques semaines, il loge à l’hôtel de La Tête Noire, paroisse Saint-Nicolas, avec d’autres recrutés de Letardif. Il quitte La Rochelle à bord du navire Neuf (ou Saint-Sauveur) et arrive à Québec le soir du 8 août 1646. Le 9 septembre suivant, il dépose sa version des faits dans le procès intenté par Olivier Chotart contre le charpentier François Boivin pour le vol d’une arquebuse à La Rochelle. Semble repasser en France après cette date. |
PERROCHE, Jacques (c1617-1661) |
Natif de La Rochelle, Jacques Perroche (29 ans) est recruté pour aller travailler au service de Guillaume Couillard. Avant son départ, pendant quelques semaines, il loge à l’hôtel de La Tête Noire, paroisse Saint-Nicolas, avec des recrutés de Letardif. Il quitte La Rochelle à bord du navire Neuf (ou Saint-Sauveur) et arrive à Québec le soir du 8 août 1646. Le 9 septembre suivant, il dépose sa version des faits dans le procès intenté par Olivier Chotart contre le charpentier François Boivin pour le vol d’une arquebuse à La Rochelle. Toujours au service de Couillard, Perroche est tué par les Iroquois, le 22 juin 1661, avec six autres personnes. Ils sont enterrés le surlendemain dans le cimetière de Québec. |
TOURMENTE, Pierre ( – ) |
D’origine inconnue, Pierre Tourmente est recruté pour aller travailler au service des Jésuites à titre de maçon. Il quitte La Rochelle, vers le 20 juillet 1646, probablement à bord du navire Le Cardinal et arrive à Québec le 23 septembre suivant. Il est « donné » des Jésuites pour la Huronie. Pierre Tourmente et son associé Maurice Arrivé, maîtres maçons, concluent quelques marchés, entre 1649 et 1651 : avec Jean Bourdon pour repierroter les deux flancs d’un logis situé au bas du Saut-au-Matelot (1649), avec Raymond Paget dit Quercy pour l’abattage et le débitage de six arpents de bois sur une terre de Belleborne (1650) et avec les Ursuline de Québec pour construire un bâtiment (1651). En novembre 1650, Olivier Letardif fait donation aux maîtres maçons d’une terre située à Belleborne, près de la seigneurie de Sillery. En compagnie des maçons Léonard Leblanc et Jean Neveu, Tourmente et Arrivé s’entendent avec le gouverneur Dailleboust, en juillet 1651, pour la construction d’un bâtiment à Coulonge la Madeleine. Le mois suivant, Tourmente, Jean Boyer et Arnaud André promettent de fournir la quantité de 1 500 planches de pin aux Ursulines de Québec. En octobre 1651, Tourmente vend à Raymond Paget les 2/3 de la terre de Belleborne reçue en donation. En 1653, Charles Legardeur de Tilly lui fait cession et transport d’une terre qui s’étend jusqu’au chemin de la Grande Allée et d’une autre située à l’anse à Puiseaux. Deux ans plus tard, Tourmente et Antoine Leboesme dit Lalime se quittent l’un envers l’autre pour tous les ouvrages de maçonnerie d’une maison construite sur le quai à Québec. En 1658, Tourmente promet faire des ouvrages de maçonnerie pour une maison de Vincent Poirier dit Bellepoire à Québec, moyennant dix minots de blé froment et la somme de soixante livres. En novembre 1659, c’est à l’hôpital de Québec qu’il est témoin à la quittance entre Ignace Bourguignon dit le Patron, malade, et Pierre Soumande. Semble repasser en France après cette date. |
TROTTIER, Gilles (c1628-1658) |
Demeurant à Chemilli (Normandie), Gilles Trottier est fils de Jules Trottier et de Catherine Loiseau. Il est recruté par Pierre Legardeur de Repentigny, le 4 juillet 1646, pour aller labourer et ensemencer les terres dépendant de la métairie de Portneuf pour le compte de Jacques Leneuf de La Poterie durant sept ans (bail à ferme), à titre charpentier de gros œuvres et laboureur à bœuf. Il quitte La Rochelle, vers le 20 juillet, probablement à bord du navire Le Cardinal et arrive à Québec le 23 septembre suivant. Dans le bail à ferme, Leneuf s’engage d’entretenir à ses frais un homme expérimenté au labourage pour aider Gilles à faire valoir la métairie. Est-ce cette opportunité qui permet à son père Jules, sa mère et quatre enfants de suivre le frère aîné en Nouvelle-France? Étant sur le point de terminer son bail, et peut-être aussi en raison des incursions des Iroquois, Gilles Trottier acquiert, en novembre 1652, les terres appartenant à feu Mathurin Guillet au Cap-de-la-Madeleine. « Interprète de l’habitation », il décède à l’hôpital de Montréal et est enterré, le 8 janvier 1658. Il laissa par testament tout ce qu’il pouvait avoir au pays à l’église de Montréal. Il était âgé d’environ 30 ans. |

(Source : AD17. Notaire Pierre Teuleron. 3E1370bis, pièce 14)
Note : Ne pas confondre Gilles et Jules (père) Trottier. |
Voir aussi : Michel Langlois, Dictionnaire biographique des ancêtres québécois (1608-1700), La Maison des Ancêtres, tome 4 (Lettres N à Z), 2001, p. 418-419. |
Voir aussi : Fichier Origine |
Voir aussi : Perche-Québec |
Pour citer cet article
Guy Perron©2022, « Recrutés par divers particuliers pour la Nouvelle-France en 1646 », Le blogue de Guy Perron, publié le 30 mai 2022. Mise à jour le 4 juin 2022.
[1] AD17. Fonds Amirauté de La Rochelle. Documents du greffe. B5657, fol. 157-158 (anciennement pièce 1). 19 juillet 1646.
[2] Gervais Carpin, Le Réseau du Canada, Sillery, Les éditions du Septentrion, 2001, p. 167.
[3] Abbés Laverdière et Casgrain, Journal des Jésuites, Québec, Léger Brousseau imprimeur-éditeur, 1871, p. 66.
[4] BAnQ en ligne. Pièces judiciaires et notariales. TL5,D11. 30 octobre 1646.
excellent travail de recherche.
Bravo et merci.
Quel beau travail! Merci, c’est savoureux
Que d’informations passionnantes ! Merci Guy. Je vais vérifier si j’ai un ou quelques ancêtres ou collatéraux dans les nos 319-320.
Je vois ceci :
« BOURGUIGNON (Jamen) qui se marie à Québec en 1636, portait aussi, il faut le croire, le surnom de patron, car en 1666, on le voit signer « Jamen Bourguignon dit le patron. » »
https://books.google.ca/books?id=2EEJwqXqDtcC&pg=RA3-PA26&lpg=RA3-PA26&dq=bourguignon+dit+le+patron&source=bl&ots=dzPJf2fhpj&sig=ACfU3U0CdEriBSjWrU3VoNADBdJJjeBPLQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwillPvZhqv4AhU7kYkEHVTSDh4Q6AF6BAgDEAE#v=snippet&q=bourguignon&f=false